Les algorithmes des réseaux sociaux restent dans l’ombre : notre mission pour plus de transparence

Dans un monde de plus en plus interconnecté, les réseaux sociaux jouent un rôle central dans notre quotidien, façonnant nos opinions, nos interactions et même nos comportements. Cependant, derrière chaque publication, chaque like et chaque partage se cachent des algorithmes complexes, souvent invisibles, qui déterminent ce que nous voyons et comment nous interagissons. Ces mécanismes, bien que puissants, opèrent dans l’ombre, laissant de nombreuses questions sur leur fonctionnement et leur impact. Notre mission est claire : promouvoir une transparence accrue autour de ces algorithmes, afin d’éclairer les utilisateurs sur les enjeux qui les concernent et de garantir une utilisation plus éthique de ces technologies. Sensibiliser le public à ces questions est essentiel pour un usage responsable des outils numériques qui régissent notre société moderne.

Les réseaux sociaux : un changement radical en 20 ans

Au cours des 20 dernières années, les réseaux sociaux ont transformé notre manière de communiquer, de partager des informations et de nouer des connexions sociales. Ces plateformes, au cœur de nos vies numériques, sont propulsées par des algorithmes qui personnalisent le contenu visible à chaque utilisateur.

Le mystère des algorithmes

Les algorithmes des réseaux sociaux demeurent un mystère pour beaucoup, y compris pour les chercheurs. Les entreprises de technologie sont très protectrices de ces algorithmes et de leur fonctionnement interne, rendant difficile une étude approfondie de leur impact.

Notre initiative : l’Observatoire internet australien

Pour éclaircir ces zones d’ombre, mes collègues et moi avons lancé un projet national d’infrastructure, l’Observatoire internet australien. Ce projet vise à analyser comment les utilisateurs interagissent avec les réseaux sociaux et quel contenu apparaît sur leurs fils d’actualités.

Résistance à l’accès aux données

Les entreprises de réseaux sociaux invoquent souvent des préoccupations de confidentialité et d’intérêt concurrentiel pour limiter l’accès aux données. Bien que ces préoccupations puissent être valables, elles ne justifient pas toujours le manque de transparence nécessaire pour la recherche éthique.

Des méthodes innovantes pour collecter des données

Dans un contexte où l’accès direct aux données des plateformes est limité, nous avons recours à des méthodes comme le scraping de données publiques, les audits de plateforme et d’autres techniques médico-légales. Cependant, ces méthodes comportent souvent des risques juridiques.

Nous avons aussi adopté la donation de données, une méthode permettant aux utilisateurs de partager volontairement certaines parties de leur expérience sur les réseaux sociaux pour une étude indépendante et rigoureusement éthique. Cette approche nous a offert des insights inestimables tout en respectant la vie privée et l’autonomie des utilisateurs.

Impact de l’Observatoire Ad Australien

L’Observatoire Ad Australien, lancé en 2021, a récolté près de 800,000 publicités Facebook de plus de 2,100 Australiens. Grâce à cette base de données, nous avons découvert des publicités pour des jeux d’argent illégaux et suivi la prévalence des publicités frauduleuses. Ces données ont également permis d’informer des enquêtes sur la publicité alimentaire malsaine et le greenwashing.

Besoin de législation pour l’accès aux données

Pour renforcer les efforts des chercheurs, il est essentiel que le gouvernement australien suive l’exemple de l’Union européenne en légiférant pour obliger les réseaux sociaux à fournir l’accès aux données cruciales. Ceci permettrait une plus grande responsabilisation des plateformes et faciliterait une recherche indépendante et d’intérêt public.

Conséquences potentielles

Un accès accru aux données améliorerait notre compréhension des algorithmes qui pilotent les réseaux sociaux et leur impact sur la société. Cela offrirait également des bases solides pour des régulations plus efficaces et adaptées, visant à protéger les utilisateurs tout en maintenant leurs libertés d’expression et d’accès à l’information.